Archivio Ždanov

André Jdanov — Sur les origines de la deuxième guerre mondiale

« Older   Newer »
  Share  
view post Posted on 20/8/2012, 23:38

Advanced Member

Group:
Administrator
Posts:
1,394

Status:


Source: http://www.communisme-bolchevisme.net/down...e_1947_1950.pdf


André Jdanov — Sur les origines de la deuxième guerre mondiale

185193_170381946425911_150716493_n



Il y a deux ans, le 31 août 1948, mourait André Jdanov, secrétaire du Comité central du Parti communiste (bolchevik) de l’U.R.S.S., proche compagnon d’armes de Staline. André Jdanov est surtout connu du peuple français par son magistral rapport, toujours actuel, Sur la situation internationale — présenté en septembre 1947 à la première conférence des Partis communistes et ouvriers — et également par quelques-unes de ses interventions sur des problèmes culturels [A. Jdanov : Sur la littérature, la philosophie et la musique. Les Editions de la Nouvelle Critique (en réimpression, avec une préface d’ARAGON).]. Les Cahiers du Communisme — qui avaient alors, sous la plume de Laurent Casanova, consacré une étude à ce grand disparu [L. Casanova : Jdanov et le mouvement ouvrier international. Cahiers, octobre 1948.] — reviendront prochainement sur l’apport de Jdanov. Toutefois, en ces jours anniversaires du déclenchement de la deuxième guerre mondiale, nous voulons faire connaître à nos lecteurs l’article clairvoyant et vigoureux, publié par Jdanov dans la Pravda du 29 juin 1939, alors que les négociations anglo-franco-soviétiques demeuraient au point mort, du fait de la duplicité des gouvernants de Londres et de Paris qui ne voulaient pas aboutir à un accord véritable et sincère avec l’Union Soviétique, condition indispensable au maintien de la paix.
La rédaction

LES GOUVERNEMENTS ANGLAIS ET FRANÇAIS NE VEULENT PAS TRAITER AVEC L’U.R.S.S. SUR UN PIED D’ÉGALITÉ
Les pourparlers anglo-franco-soviétiques, en vue de conclure un pacte efficace d'assistance mutuelle contre l’agression, se trouvent dans une impasse. Malgré la clarté absolue de la position du gouvernement soviétique, malgré tous les efforts du gouvernement soviétique tendant à la conclusion rapide du pacte d’assistance mutuelle, en ne voit aucun progrès plus ou moins substantiel dans la marche des pourparlers.
Ce fait ne peut pas ne pas avoir une signification sérieuse dans la situation internationale actuelle. Il ranime les espoirs des agresseurs et de tous les ennemis de la paix, de pouvoir faire échouer l’entente entre les Etats démocratiques contre l’agression, il pousse les agresseurs au développement plus large de l’agression.
Sous ce rapport, une question surgit : en quoi réside la cause du retard survenu dans les pourparlers, dont l’achèvement favorable est attendu avec impatience et espérance par tous les peuples épris de paix, par tous les amis de la paix ?
Je me permettrai d’exprimer une opinion personnelle à ce sujet, bien que mes amis ne soient pas d’accord avec moi. Ils continuent à considérer qu’en commençant les pourparlers pour le pacte d’assistance mutuelle avec l’U.R.S.S., les gouvernements anglais et français avaient l’intention sérieuse de dresser une barrière puissante contre l’agression en Europe.
Je pense et j’essaierai de prouver par des faits, que les gouvernements anglais et français ne veulent pas de traité d’égal à égal avec l’U.R.S.S., c'est-à-dire le seul genre de traité que puisse accepter un Etat qui se respecte — et que, précisément, cette circonstance est la cause de l’état de stagnation où se trouvent les pourparlers.
Quels sont ces faits ? Les pourparlers anglo-soviétiques, dans le sens direct de ce terme, c'est-à-dire depuis le moment où les premières propositions anglaises du 15 avril nous furent soumises, se poursuivent déjà depuis 75 jours, dont 16 jours furent employés par le gouvernement soviétique pour préparer la réponse aux différentes propositions anglaises et les autres 59 jours furent employés par les Anglais et les Français à freiner et à faire traîner les choses. On se demande qui porte, en l’occurrence, la responsabilité, du fait que les pourparlers avancent si lentement, si ce ne sont les Anglais et les Français ?
La pratique de la conclusion d’accords internationaux, semblables à l’accord anglo-franco-soviétique, démontre que l’Angleterre a conclu un pacte d’assistance mutuelle avec la Turquie et avec la Pologne, en un bref laps de temps. Il s’ensuit que lorsque l’Angleterre a désiré conclure des traités avec la Turquie et la Pologne, elle a su assurer le rythme désirable dans la conduite des pourparlers.
Ces retards inadmissibles et atermoiements sans fin dans les pourparlers avec l’U.R.S.S. permettent de douter de la sincérité des intentions véritables de l’Angleterre et de la France, et nous obligent à poser la question de savoir ce qu’il y a précisément à la base d’une telle politique : aspirations sérieuses d’assurer le front de la paix ou désir d’utiliser ces pourparlers et le retard de ces pourparlers pour quelque autre but n’ayant rien à voir avec l’œuvre de création d’un front des puissances pacifiques.
De telles questions se posent, d’autant plus qu'au cours des pourparlers les gouvernements anglais et français amoncellent les difficultés artificielles, créent une apparence de désaccords sérieux entre l’Angleterre et la France, d’une part, et l’U.R.S.S., d’autre part, sur des questions qui pourraient être résolues sans atermoiements et sans obstacles, à condition d’une bonne volonté et d’intentions sincères de l’Angleterre et de la France.
On sait, par exemple, qu’une telle « pierre d’achoppement », imaginée artificiellement dans les pourparlers, est la question de la garantie par les trois puissances de l’aide immédiate à la Lettonie, l’Estonie et la Finlande, au cas où leur neutralité serait violée par les agresseurs ; les allégations par lesquelles les Etats baltes mentionnés ne désirent pas cette garantie et que cette circonstance empêche soi-disant l’Angleterre et la France d’accepter les propositions soviétiques, sont évidemment inconsistantes et ne peuvent être dictées que par la seule intention de rendre les pourparlers difficiles en vue de les faire échouer.
En tout cas, nous connaissons des faits témoignant que lorsque l’Angleterre se considère intéressée à garantir tel ou tel pays, elle trouve pour cela les voies convenables sans attendre que ces pays exigent eux-mêmes des garanties pour eux.
Le journal anglais Sunday Times écrit, dans son numéro du 4 juin, que « la Pologne exprima son consentement pour le cas où la Grande-Bretagne serait entraînée à la guerre en liaison avec l’agression contre la Hollande, à venir en aide à la Grande-Bretagne, que, d’autre part, la Grande-Bretagne est d’accord pour venir en aide à la Pologne au cas où celle-ci serait entraînée à la guerre en liaison avec une agression contre Dantzig ou la Lituanie ».
Ainsi il résulte que la Grande-Bretagne et la Pologne garantissent simultanément tant la Lituanie que la Hollande. Je ne sais si on a demandé à la Lituanie et à la Hollande leur avis sur cette garantie bilatérale — en tout cas il n’y avait aucun article sur ce point dans la presse — mais, autant que je sache, la Hollande et la Lituanie nient avoir sollicité cette garantie. Cependant le pacte bilatéral garantissant ces pays est déjà conclu pour l’essentiel, comme le communique le Sunday Times et ce n’est un secret pour personne que le communiqué de ce journal n’a jamais été démenti.
Il n’y a pas longtemps, le ministre polonais des Affaires étrangères, M. Beck, interviewé par un journaliste français, a déclaré, entre autres, de manière non équivoque, que la Pologne n’exigeait rien, ne demandait rien concernant des garanties quelconques de l’U.R.S.S. et qu'elle était entièrement satisfaite par le fait qu’un accord commercial récemment conclu existait entre la Pologne et l’U.R.S.S.
En quoi la position de la Pologne diffère-t-elle en l’occurrence de la position des cercles gouvernementaux des trois Etats baltes ? Absolument en rien. Cela n’empêche pas l’Angleterre et la France d’exiger de l’U.R.S.S. des garanties non seulement pour la Pologne, mais encore pour les quatre autres Etats dont nous ne savons pas s’ils désirent avoir une garantie de l’U.R.S.S., et aussi une garantie pour la Hollande et la Suisse avec lesquelles l’U.R.S.S. n’a même pas de simples relations diplomatiques.
Tous ces faits démontrent que les Anglais et les Français ne veulent pas de traité avec l’U.R.S.S. fondé sur le principe de l’égalité et de la réciprocité ; bien qu’ils jurent chaque jour être, eux aussi, pour « l’égalité », mais qu’ils veulent un traité où l’U.R.S.S. jouerait le rôle de valet de ferme et supporterait à elle seule tout le poids de l’engagement.
Cependant, aucun pays qui se respecte n’accepterait un tel traité s’il ne voulait pas être un jouet entre les mains de gens qui aiment à faire tirer les marrons du feu pour eux par d’autres. A plus forte raison, un tel traité ne peut pas être accepté par l’U.R.S.S. dont la force, la puissance et la dignité sont connues dans le monde entier. Il me semble que les Anglais et les Français ne veulent pas d’un traité véritable, acceptable pour l’U.R.S.S., mais seulement des conversations au sujet d’un traité, afin de spéculer sur la prétendue intransigeance de l’U.R.S.S. devant l’opinion publique de leur pays et rendre plus facile le chemin du compromis avec les agresseurs. Les jours prochains doivent montrer s’il en est ainsi ou non.
(Cahiers du communisme, septembre 1947, pp. 24-27.)

Edited by Andrej Zdanov - 21/8/2012, 21:37
 
Web  Top
0 replies since 20/8/2012, 23:38   195 views
  Share